lirik lagu rey haddida – correspondance du hoggar
j’ai presque réussi à devenir celui que je ne serai jamais
celui qui est plus lui que je n’suis moi mais
celui
que je voyais rire quand je buvais pour être un autre, maintenant j’écris pour être moi~même
et je ne bois plus comme avant
celui que je voyais jouer avec les filles jusqu’à ce qu’elles jouent avec lui et le forcent à leur dеmander comment ellеs le voyaient mais
je ne vois plus comme avant
depuis que j’ai pris la piste vers le désert, vers le hoggar
trois jours que je suis parti, ma peau est tombée, ma voix s’est tue
muet, elle va muer, ressuciter
passera l’hiver aux enfers comme l’autre, mais c’est moi l’autre, aussi suis~je l’enfer, je me suis enfui
en effet hier il fallait être connu de tout le monde, connu comme personne
comme les millions d’autres moi qui trépignent
ou les millions d’eux qui se résignent
a jouir du répit aigre des riches, des plaisirs fades de ceux qui trichent
le sourire maigre, vestige
de la fierté malade, le prestige
que l’on donne à celui qui est devenu quelqu’un, quelqu’un c’est~à~dire personne
j’ai dû quitter celle qui me faisait sentir que j’étais celui que je voulais être
tu sais, celui que je ne serai jamais
mais je ne suis
ni accompagné ni vraiment seul, l’ombre de ma soeur me suit
du plus grand cèdre aux cimes blanches
elle est assise
sur la plus haute branche
et dessine des ailes pour les anges d’ici
(interlude)
j’voulais qu’les filles soient nues, comme dans les vieilles chansons, qu’elles s’arrachent ma vertu, qu’elles s’en fassent un collier, en deviennent le geôlier, en demandent une rançon
j’ai menti des mois durant
par honte, par peur et par confort
grand comédien dans un théâtre mort
j’ai été mon propre figurant
on devient artiste grâce à un manque
moi j’n’en ai aucun, est~ce que c’en est un
suffisant pour être un artiste, juste l’un d’eux
ne t’affliges pas que je sois parti, partir c’est murir un peu
mais j’ai toujours été absent
dix mois que j’erre dans le hoggar sur un cheval sans nom
les genoux en sang l’esprit hagard luttant contre la raison, dis moi ce que je sens, je ne sais plus parler
j’avais besoin de me détruire, j’ai fini par me casser
cette traversée m’épuise, la piste n’est plus tracée
cette vie était presque parfaite et moi
je n’suis que prêtre, prophète et roi
je voulais voir l’harmonie brutale de la tempête
la puissance, la jouissance, la tendresse
le soleil de l’ouest sur les pierres rouges du pays de mes ancêtres
mais je n’ai pas d’ancêtres ni même de pays
il ne me reste qu’à danser pour tous ceux qui m’ont haï, pour tous ceux qui m’ont trahi, je ne peux plus penser
il ne me reste que les délires malades des riches, les plaisirs fades de ceux qui trichent
je serai bientôt saoul
je serai bientôt triste
je serai bientôt fou
j’arrive au bout de la piste
les filles ne me voient plus
moi je ne vois plus rien
que l’oeil bleu d’un lagon
ou celui du dragon
ou serait~ce le tien
dans ce sable cruel
qui creuserait un tunnel
dans mon vieil oeil de chien
je suis arrivé au bout du hoggar
bientôt je saurai de nouveau parler
ce sont les dernières lignes d’un fuyard
bientôt j’arrêterai de chanter
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