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lirik lagu yves jamait - une vie

[couplet 1]
j’arrive
j’arrive
tout mon corps se convulse
et son ventre m’expulse
m’irradiant de lumière

j’arrive
j’arrive
je suffoque et je crie
je respire, surpris
brûlant mes poumons d’air
je reviens du néant
d’où je préférais quand
je baignais en pleine mer

mais là je n’ai plus pieds
je commence à ramer
me voilà donc sur terre

[couplet 2]
j’ai cinq ans
j’ai cinq ans
j’ai appris à marcher
j’ai appris à parler
mais aussi à me taire

j’ai cinq ans
j’ai cinq ans
à l’école maternelle
je me ferais bien la belle
c’est de quel côté ma mère ?

j’entends juste l’écho
des adultes là~haut
que je ne comprends guère

il y a sous mon lit
quelque chose qui vit
qui me fait manquer d’air
[couplet 3]
j’ai dix ans
j’ai dix ans
j’invente des histoires
que je conte dans le noir
le soir à mon grand frère

j’ai dix ans
j’ai dix ans
la lune me fait peur
dans les bras de ma sœur
je me love et me terre

et j’ai les mains qui poissent
lorsque m’étreint l’angoisse
des lendemains scolaires

je leur suis illisible
je veux être invisible
qu’on me voie à travers

[couplet 4]
j’ai quinze ans
j’ai quinze ans
c’est la métamorphose
je sens que quelque chose
au fond de mois s’opère
j’ai quinze ans
j’ai quinze ans
et comme un parasite
la bête qui m’habite
me tape sur les nerfs

le viol d’un rapace
qui jamais ne s’efface
me marque de ses serres

lacérant l’innocence
et dépeçant l’enfance
du reste de ses chairs

[couplet 5]
j’ai vingt ans
j’ai vingt ans
des vieux qui se croient sages
disent que c’est le bel âge
que j’aurai l’âge de faire

j’ai vingt ans
j’ai vingt ans
c’est en enfant diforme
qu’adulte en uniforme
on me fait militaire

du temps pour me détruire
je m’applique à construire
un petit coin d’enfer

dans la fange ou la boue
peu importe, j’ai un trou
à la place du père

[couplet 6]
vingt~cinq ans
vingt~cinq ans
je pérore mon néant
en sophiste ignorant
m’insurge et vis [tu perds ?]

vingt~cinq ans
vingt~cinq ans
je bois jusqu’à vomir
et je lis l’avenir
dans la lie de la bière

je dépense sans compter
le temps à gaspiller
et je le paye cher

dans des fêtes bacchiques
où je crois faire la nique
au temps qui me digère
au temps qui me digère (o~o~o~o~oh)
au temps qui me… (o~o~o~o~oh)

(o~o~oh)
(o~o~o~oh)
(o~oh)

[couplet 7]
j’ai trente ans
j’ai trente ans
l’amour qui fout le camp
et le triste bilan
qui s’affiche derrière

j’ai trente ans
j’ai trente ans
un enfant à venir
je voudrais réagir
mais je boxe de l’air

je me regarde en face
ce que renvoie la glace
je n’en suis pas fier

aussi là c’en est trop
faut reprendre à zéro
sinon je me perds

[couplet 8]
trente~cinq ans
trente~cinq ans
sans parler d’équilibre
j’ai moins de mal à vivre
depuis que je suis père

trente~cinq ans
trente~cinq ans
je sais que maintenant
rien ne sera comme avant
j’ai très peur, mais je gère

je puise dans le regard
de mon fils tout l’espoir
et je me mets au vert

et la fleur qui se pose
teinte ma vie de rose
je viens de changer d’air

[couplet 9]
quarante ans
quarante ans
la tête comme un refrain
je suis à fond de train
la vie qui s’accélère

quarante ans
quarante ans
alors monte la fièvre
et tant pis si j’en crève
j’avance de verre en vers

mes démons se couchent tard
mais je garde le phare
de ma fille et son frère

je perds un peu le nord
on me dit que la mort
a retrouvé mon père

[couplet 10]
quarante~cinq ans
quarante~cinq ans
la vie va bien trop vite
sciemment je m’évite
je sens que je me perds

quarante~cinq ans
quarante~cinq ans
je perds un peu la vue
je perds un peu de vue
tout ce qui m’était cher

l’amour et l’amitié
la famille, le métier
j’ai la tête à l’envers

et comme pour me sourire
une fille à venir
est prévue pour l’hiver

[couplet 11]
cinquante ans
cinquante ans
mon cœur vient de tomber
elle me l’a ramassé
et de ses bras l’enserre

cinquante ans
cinquante ans
j’ai des planches à brûler
un garçon déjà né
et son monde à refaire

et toujours le temps court
me montrant chaque jour
qu’il ne m’en reste guère

je voudrais le suspendre
un instant et m’étendre
prendre une bouffée d’air

[couplet 12]
cinquante~cinq ans
cinquante~cinq ans
faut que je me dépêche
que je pose à la crêche
la petite dernière

cinquante~cinq ans
cinquante~cinq ans
elle croque son printemps
chaque jour à pleines dents
mon automne est solaire

et réchauffe mon cœur
quand je pense à ses sœurs
que je pense à ses frères

et à celle nuit et jour
qui me traine vers l’amour
et m’apaise d’hier

[outro]
et pour le reste…
j’arrive
j’arrive
j’arrive

- lirik lagu yves jamait

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