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lirik lagu res turner - il pleut des cordes

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[paroles de “il pleut des cordes”]

[intro]
la journée s’annonce pluvieuse, le ciel pleure sur la vitre de ma chambre
école, donc elle sera studieuse et très certainement lassante
j’enfile mon dernier collier, habille mes formes, par cʼtemps pourri
nous sommes le huit novembre, il pleut des cordes à en mourir

[pont 1]
il pleut des cordes
oui, à en mourir

[couplet 1]
comme chaque matin, j’me dis : “crois en toi”
j’essaie, mais les angoisses finissent par m’atteindre
j’voudrais qu’la détresse déserte, qu’elle me lâche la main
la journée, une corvée dans laquelle faut qu’j’cache ma crainte
d’affronter les autres, de juste me rendre au collège
d’avancer sans filet sans personne qui me protège
grotesque quand mes parents me disent prodige
ma vie proteste, elle me considère comme une fille maudite
j’ai appris qu’c’est dans la misère que les grands potos naissent
des années qu’ça dure, j’ai ni ami ni pote, faut l’reconnaître
bref, mon sac sur mon dos courbé
j’embrasse ma mère qui me souhaitera une bonne journée
direction l’arrêt d’bus, celui d’quartier sud
cette boule dans la trachée dure, y aura encore ces gars, c’est sûr
ceux qui m’harcèlent chaque matin, voire qui m’cassent des trucs
tout en m’traitant d’clocharde, voudraient qu’j’leur lâche des thunes
pfff, cette vie n’est qu’amertume
apparemment, ouais, j’m’en suis bien tirée cette fois, ils m’ont juste craché dessus
j’encaisse en tant que grande initiée
la place la plus proche du chauffeur me garantira tranquillité́
mais cette dernière n’est que très brève, une traîtresse
qui m’lâche souvent et laisse place à un vrai stress
j’reste prête, arrivant dans la cour
patinant dans la tourmente, pas d’celles qu’on respecte
la suite n’est qu’zigzags entre moqueries, coups, crachats
rackets, injures évidemment ; et ces meufs~là
qui trouvent ça hilarant de tout l’temps m’rabaisser
de la récrée jusqu’à la file d’attente
du self ; et on n’s’y habitue pas, tu sais
de ce piège : plus t’essaies d’t’en défaire, plus tu saignes
j’serre les dents, non, j’veux surtout pas pleurer
car c’est ce qu’ils désirent, hein, voir une fille qui fut toute apeurée
j’affronte les deux premières heures de cours
partagée entre l’envie d’apprendre et la peur d’prendre des coups
physiques ou psychologiques, oui, dans les deux cas
ça fait mal donc, pour qu’ça passe, on va tenter le calme
car, si j’rétorque
ils vont m’faire comprendre qu’j’ai tort
pour eux, j’suis la clocharde, l’intello ou la sale grosse
j’fais mine de n’pas entendre quand ces sales surnoms m’agressent
la sonnerie d’dix heures, enfin, retentit
j’attends le dernier moment pour sortir
la suite, j’y suis habituée bien qu’j’pensais pas m’y faire
encore une recrée à rester cachée dans les sanitaires
dans lesquelles j’côtoierai l’silence ou leurs balivernes
discutions futiles qui me donnent envie d’fuir d’leur planisphère
l’aiguille tourne, il est midi
j’me hâte vers la cantine puis m’dépêche d’aller manger
histoire d’être seule et, si tôt fini
j’monte à l’étage, j’me confine pour ne pas être dérangée
au lieu de rester dans la cour, j’y ai trouvé́ refuge
dans lequel j’ai investi l’amour de la littérature
car, si j’reste en bas, les plaies s’entassent
j’te l’rappelle : moqueries, coups, crachats et j’en passe
ils m’ont pas à la bonne, mais qu’est~ce que j’ai fait ?
est~ce mon poids, ma taille ou mes habits pas à la mode ?
des questions à la pelle résonnent à en devenir dingue
et puis, d’t’façons, à quoi ça sert de s’en plaindre ?
car l’oppresseur s’en tire toujours bien peinard
mon dieu, cʼque l’temps peut paraître long quand tu retiens tes larmes
dans tout ça, y a carmine, un garçon pas comme les autres
il m’sourit parfois et, entre nous, j’adore ces mots
sortant d’sa bouche comme si ces derniers dansaient
mais, en même temps, franchement, qu’est~ce qu’il doit penser
d’moi ? si j’vais lui parler, est~ce vraiment censé́ ?
pfff, puis merde, c’est décidé́, j’vais me lancer
j’lui ai écrit un mot : “rendez~vous, quinze heures, j’voudrais te parler”
posté dans son casier
à la recréé, le soleil pointant le bout d’son nez
tel un signe, la boule au ventre, j’approche de lui et
à ma surprise, il m’invite dans un coin d’la cour
me dit qu’ça fait longtemps qu’mon visage siège dans ses pensées
dans ma tête, ça tourne, il me parle même d’amour
m’demande de fermer les yeux car il voudrait m’embrasser
j’t’assure, puis pose délicatement ses bras sur
mes hanches, terrifiée, mais j’me laisse aller
moi qui en rêvais depuis des années
[pont 2]
ouais, qui en rêvais depuis des années
qui en rêvais depuis des années

[couplet 2]
mais, mais, soudain, il lève mon t~shirt et dégaine son téléphone
mon torse dénudé, et puis le bruit d’une photo qui résonne
à peine le temps d’comprendre, d’entendre : “la honte, qu’elle est plate”
que les premières larmes montent, derrière, des rires qui éclatent
j’me sens détruite, affligée, envie d’hurler bien fort
mais rien n’sort, au lieu de ça, j’reste là, figée
hun, comment ai~je pu y croire, ne serait~ce qu’un instant ?
moi, une fois encore, la cible de leurs cruels instincts
entourée d’ces démons, mais si seule dans ce si dense désordre
et qu’est~ce qu’est pire : les rires ou bien l’silence des autres ?
celles et ceux qui voient mais qui ne font rien
pourtant, je sombre bien, envie d’leur crier de vive voix
j’ai tellement honte de moi, comment pourrais~je en parler aux parents ?
mon père si fier, ma mère déjà̀ submergée moralement
alors on va faire comme d’hab’ et garder pour soi
s’dire qu’c’était une bonne blague puis oublier tout c’soir
en rentrant, mes parents dans l’familial paysage
facilement, j’les esquive, évite que se croisent les visages
à l’abri dans mon lit, l’écran d’mon portable m’interpelle
notif’, notif’, messagerie facebook étrangement pleine
on m’a taguée sous un statut posté par carmine
en cliquant, j’y découvris la photo de ma poitrine
accompagnée d’une averse de commentaires
m’enfonçant encore et encore un peu plus en enfer
“comment elle est grosse et plate”, “hey, c’est une salope en fait”
“les gars, matez~moi sa tête, ouais, comment elle mérite des claques”
ces mots, tels des lames, me transperçant le torse
le cœur, d’un coup, s’emballe, j’en tremble de tout mon corps
pourquoi ? pourquoi moi ? non, pourquoi encore ?
dernier message : “tu as dragué mon mec, demain tu es morte”
[pont 3]
demain…
ouais, aaah, demain…

[outro]
d’habitude, elle sert à sauter, j’ai une autre idée pour ma corde
jusqu’alors, ma volonté́ d’survivre était forte, il est venu l’temps de la tordre
la journée s’annonçait pluvieuse, les gouttes pleuraient sur la vitre de ma chambre
elles ne tombent plus, à part quelques dernières passantes
j’enfile mon dernier collier, triste décor, par c’temps pourri
nous sommes le huit novembre, il pleut des cordes à en mourir


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