lirik lagu lucio bukowski - dialogues
[couplet 1]
j’taille une bavette sur un banc avec varèse et frank zappa
qui s’marrent à gorges déployées en sautant d’une station à l’autre
edgard, demeurant silencieux, re-songe à ces déserts
tandis qu’son acolyte projette le transistor sur une voiture de flic
j’taille une bavette sur un banc avec diogène et omar
le premier, de sa lanterne, éclaire la bouteille du second
qui gratte un quatrain sur la mort du bout de son calame
dans la terre séchée d’une place bondée de bados sans magie
j’taille un bavette sur un banc avec l’homme aux cheveux blancs
quelque part, dans les rues d’un village calme et éloigné
on discute littérature, s-xe, nécessité et dieu
je comprends à ses côtés ce qu’être vivant signifie
j’taille une bavette sur un banc avec ce bon vieux dégueul-sse
qui lâche un rôt dans l’air dédié à la grande amérique
cochant sur le journal le prochain cheval à jouer
me décrivant le cul d’la dernière pouf qu’il s’est tapé la veille
j’taille une bavette sur un banc avec himes et jean genet
qui s’remémorent les heures p-ssées en bibliothèque carcérale
dehors, elles sont en libre-accès mais on leur préfère les prisons
nouvelles que sont les centres commerciaux, les nike et les écrans
j’taille une bavette sur un banc avec l’avaleur de couleurs
et son œil vague me dit bien plus sur l’art que n’importe quelle critique
il me parle des vibrations autour de vibrations plus grandes
de solitude et de suicide, de pauvreté et de putains
j’taille une bavette sur un banc avec le jeune poète gallois
qui vide verre sur verre et contemple la mer, l’air ailleurs
nie la mort et son empire, il sait qu’le temps n’est qu’illusion
ne pénétrera pas cette nuit sans violence ni bon whisky
j’taille une bavette sur un banc avec andreï tarkovski
cent ans que l’art est plus que l’art, c’est une révélation
« chacun son exil » me chuchote-t-il, nostalgique
l’œil rivé sur le miroir de ses fantômes et sacrifices
[couplet 2]
j’taille une bavette sur un banc avec madlib et sun ra
le premier puisant de l’or dans le torrent du second
évoquant des paysages anciens et inventant des langues
ça sent l’herbe et le génie, la création et l’vinyl
j’taille une bavette sur un banc avec dante et le prophète
qui s’échangent poèmes et visions dans un néant de procès
veulent la lumière content, chacun quittant l’appréhension
tous deux constatant qu’l’éch-lle est autant descente qu’ascension
j’taille une bavette sur un banc avec louis-ferdinand céline
pendant qu’un journaleux flippé se p-sse dessus et baragouine
le vieux s’marre en touchant l’avance de gallimard
hurlant qu’la terre entière crachera sur son corbillard
j’taille une bavette sur un banc avec le gars frédéric dard
il a le rire d’un dieu et cette malice dans le regard
me parie un kilo d’or contre l’ardoise d’un alcoolo
que la mort est une belle garce et qu’elle lit du san-antonio
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