lirik lagu lidoryc - je me plains
[paroles de “je me plains”]
[intro]
~bruit de personne qui marche~
~bruit de personne qui frappe à une porte~
~bruit de porte qui s’ouvre et des corbeaux qui s’envolent~
[couplet unique]
ah bah ouais, je me plains
je me plains de ce monde de chiens
de ces vies d’intérim, de ce patron qui me regarde comme un rien
de ces potes qui se perdеnt dans la beuh
de ces parеnts qui ne dorment plus
et de mon cœur qui n’a plus d’allumettes pour rallumer le feu
je me plains ouais, mais je me lève
je me plains mais je tiens la haine dans les veines
je me plains de ne pas avoir le temps de rêver
et quand je rêve c’est de me casser loin d’ici, loin d’eux, loin de la haine
j’ai grandi dans un bled où les murs ont des oreilles
où les profs te disent “trop sensible” quand tu pleures en vrai
j’ai bouffé le harcèlement dans les chiottes d’un collège
et je me suis construit tout seul, avec des poèmes pour cortège
ah bah ouais, j’ai la haine
contre la télé, contre les gens qui n’ont jamais faim
contre les influenceurs qui vendent du vent et des protéines
pendant que ma mère fait les comptes pour ne pas finir dans le rouge demain
je me plains, ouais, mais je sais pourquoi
je me plains parce que je n’ai pas trouvé mieux que la voix
pour crier que j’en ai marre de ces sourires mécaniques
qu’on poste sur instagram alors qu’on crève tous de panique
je me plains parce qu’on crève de froid dans des villes grises
que les seuls trucs chauds ici ce sont les cris et les crises
je me plains des policiers, des condés, des regards qui te jugent
parce que tu as l’air paumé, parce que tu as l’air en lutte
je me plains, ouais, mais je parle vrai
pas de strass, pas de bling, pas de rolex au poignet
juste ma rage et mes cigarettes, juste mes rêves en location
j’ai vu des mecs brillants tomber dans la bouteille
des filles trop douces brisées par des connards sans cervelle
j’ai vu les plus forts craquer dans le silence d’une nuit
et les plus faux briller sous les “likes” et les “j’aime” gratuits
ah bah ouais je me plains, mais je suis vivant
et c’est déjà un putain d’exploit dans ce monde violent
je me plains parce que je refuse de me taire
parce que le rap m’a sauvé, parce qu’il me laisse être sincère
je me plains parce que je ne veux plus faire semblant
parce que j’ai trop de mots sur la langue pour mourir doucement
je me plains pour ceux qui n’ont plus la force de gueuler
alors je gueule pour eux, pour moi, pour ceux qu’on veut museler
ah bah ouais, je me plains
et si tu n’es pas content, c’est que tu n’as rien à te plaindre
je me plains mais j’ai mes raisons
chaque ticket de métro, c’est une cicatrice en leçon
chaque rejet d’cv, c’est une claque à mes ambitions
chaque “ça va ?” sans écoute, c’est du sel sur mes pulsions
je me plains parce que je suis seul dans une france remplie
où tout le monde parle fort mais ne dit rien d’la vie
où la tendresse se cache derrière les tweets acerbes
où les enfants font des burn out et les vieux pleurent en silence
je me plains, parce qu’il y a trop d’amis en thérapie
trop d’cœurs en miettes dans les rames de la ligne b
je me plains d’avoir l’impression de survivre à la jeunesse
à coup de xanax, d’redbull et d’fuite dans l’ivresse
j’ai voulu être quelqu’un, j’ai fini par être personne
à faire semblant d’aller bien pour pas qu’on me soupçonne
à sourire dans les dîners, à mourir sous les draps
à chercher un refuge même dans les bras qui ne m’aiment pas
je me plains parce que l’amour m’a fait l’effet d’un vide
parce que j’ai cru au destin, mais c’est toujours le plus cupide qui décide
je me plains de cette époque qui rend les poètes muets
et fait des stars des idiots qui vendent des t~shirts troués
je me plains de cette colère que je n’arrive pas à soigner
de ces souvenirs d’enfance qui me hantent sans pitié
je me plains de cette foutue peur d’être oublié
de voir mon nom se perdre avant même d’avoir existé
je me plains, mais je n’ai pas honte
je me plains parce que je vis et que vivre ici, c’est violent
je me plains parce que je ne baisse plus la tête
parce que si je dois tomber, ce sera debout, avec la tempête
je me plains pour tous ceux qui n’ont plus les mots
qui hurlent dans leur chambre et qui serrent trop fort la peau
je me plains pour ma sœur, pour mon quartier, pour mon frère
pour tous les mômes sensibles qu’on a voulu faire taire
je me plains mais je suis là
je me plains mais j’avance, même sans foi
je me plains parce que c’est tout ce qu’il me reste
du papier, une voix, une flamme, et ma tristesse
ah bah ouais, je me plains
et je continuerai tant qu’il y a des chaînes
tant qu’il y a des chaines
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