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lirik lagu kirjuhel - paroles sur la dune

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maintenant que mon temps décroît comme un flambeau
que mes tâches sont terminées ;
maintenant que voici que je touche au tombeau
par les deuils et par les années

et qu’au fond de ce ciel que mon essor rêva
je vois fuir, vers l’ombre entraînées
comme le tourbillon du passé qui s’en va
tant de belles heures sonnées ;

maintenant que je dis : — un jour, nous triomphons ;
le lendemain, tout est mensonge ! —
je suis triste, et je marche au bord des flots profonds
courbé comme celui qui songe

je regarde, au~dessus du mont et du vallon
et des mers sans fin remuées
s’envoler, sous le bec du vautour aquilon
toute la toison des nuées ;

j’entends le vent dans l’air, la mer sur le récif
l’homme liant la gerbe mûre ;
j’écoute, et je confronte en mon esprit pensif
ce qui parle à ce qui murmure ;

et je reste parfois couché sans me lever
sur l’herbe rare de la dune
jusqu’à l’heure où l’on voit apparaître et rêver
les yeux sinistres de la lune

elle monte, elle jette un long rayon dormant
à l’esp~ce, au mystère, au gouffre ;
et nous nous regardons tous les deux fixement
elle qui brille et moi qui souffre

où donc s’en sont allés mes jours évanouis ?
est~il quelqu’un qui me connaisse ?
ai~je encor quelque chose en mes yeux éblouis
de la clarté de ma jeunesse ?

tout s’est~il envolé ? je suis seul, je suis las ;
j’appelle sans qu’on me réponde ;
ô vents ! ô flots ! ne suis~je aussi qu’un souffle, hélas !
hélas ! ne suis~je aussi qu’une onde ?

ne verrai~je plus rien de tout ce que j’aimais ?
au dedans de moi le soir tombe
ô terre, dont la brume efface les sommets
suis~je le spectre, et toi la tombe ?

ai~je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir ?
j’attends, je demande, j’implore ;
je penche tour à tour mes urnes pour avoir
de chacune une goutte encore !
comme le souvenir est voisin du remord !
comme à pleurer tout nous ramène !
et que je te sens froide en te touchant, ô mort
noir verrou de la porte humaine !

et je pense, écoutant gémir le vent amer
et l’onde aux plis infranchissables ;
l’été rit, et l’on voit sur le bord de la mer
fleurir le chardon bleu des sables


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