lirik lagu guy sacre - mauvais cœur
– mauvais cœur… souffle une voix nocturne
à l’enfant que j’ai battu jadis
dans un jardin d’automne tout encagé d’or
– ce fut un jour étrange, en vérité
le soleil donnait sa langueur à tout
des conseils d’amour et de mort
parlaient par les bruits les plus vagues
on avait envie d’embrasser les beaux enfants
qui jouaient dans les parcs
auprès des jolies mères, ou de les frapper…
nous courions sous des arbres très hauts
bien pris dans la lumière
et qui secouaient parfois leurs chaînes de songes
de toute leur taille, à grands bras tristes
… le vent remuait ses plis lourds
pour aller tourner plus tard, ailleurs
une ronde sableuse en forme de crosse
avec un bruit fin qui se calme…
un parti de folioles traînait s’enfuir
sur les paumes tièdes de l’air si dense
qu’on eût cru le voir…
de l’autre côté de la scène
fermé d’une porte épaisse et sombre
une rue pleurait sa chanson mate
une balançoire qu’on venait de quitter
glissait la plainte d’une bête qu’on tourmente…
il n’y avait personne à portée de nos voix
je crois… le cher enfant
je le vois encore avec une fixité exquise et terrible
assis sur un banc de pierre, songeur et penché
dans son petit costume marin au béret
et à l’ancre d’or, et tel qu’au jour d’angoisse
où je frappai sa bonne figure…
je le cherche. et je pense à lui
dans les fêtes qui fermentent
et dans les foules crieuses, et dans les rues grasses
plus longues au loin des baies des lumières
où des ombres rêvent sur les flaques
jambes ployées et jointes, sous le poids d’un souvenir
qui leur saute aux épaules comme un mauvais singe..
il est des pensées qu’on sent qui se cachent
derrière toutes les autres. et il n’en arrive
de nouvelles que pour elles
qui bouchent par instants les clairières jaunes
où la mort est lasse de montrer
sa figure trouée comme un liège…
l’enfant dérange la nuit chaude…
les yeux de l’orage éclairent sa forme
il saute sur la grille d’un arbre
il accourt dans l’odeur d’une avenue plantée d’ailantes
où des phalènes battent comme des paupières…
les soirs où je prends ma part d’une fête
j’ai envie de m’enfuir quand j’y pense
de courir dans un quartier pauvre
et d’y souffrir dans un coin sombre…
et il m’arrive de rêver que je le retrouve
homme enfin, noir et bête, abrupt, indolore et cruel –
et qu’il est beau, et fort, et riche
dans un endroit de plaisir, avec une cravate indicible
et que mon pauvre vieux remords
ne lui arrive pas à l’épaule…
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