lirik lagu gilles servat - sur la terre enterrée la route...
l’esprit des bêtes battant des ailes
par-dessus l’herbe des limites
ces ressacs frémis de diesel
aux galaxies des marguerites
sur la terre enterrée la route
déroule sa salissure
dans les débris des animaux
roués par les roues de torture
ces mortes fourrures se mordant
qui sur le bas-côté se traînent
dans un ultime jet de sang
dépensé à perte d’haleine
dans le lait givré du matin
la troupe des camions défile
l’aube pavoisant au matin
les tour illuminées des villes
et puis paraissent les remparts
que l’or des fenêtres quadrille
la pet-te mort des départs
dans le fleuve où les feux fourmillent
quand la radio nous vocalise
des vogues de gaieté diaphane
sur les radeaux des joies promises
tous ces visages sont en panne
sur le parking où le ciel fond
brûle le repos du virage
au péage des midis de plomb
déborde la crus des mirages
flottent sur le flou de flots bleus
de frissonnantes caravanes
dans les cris écrasants des pneus
qui cicatrisent les platanes
quand le fossé gyrophardise
la détresse des clignotances
des bulles teintées climatisent
la solitaire indifférence
par des fenêtres éclairées
l’intimité de papier pâle
comme un pull déteint étendu
au fil à linge des vies b-n-les
et les villages étrangers
changés par l’ange du bizarre
quand les fantômes des chants perdus
gesticulent dans la mémoire
sur la chair molle de la nuit
coupée par les couteaux des phares
les essuie-glace battant la pluie
de lancinantes balançoires
sous les marées noires du vent
où se baladent des baleines
des bancs de pigeons chatoyants
nagent sur les eaux de la plaine
au loin la banquise des monts
crev-ssée d’arbres en calanque
et dans la fadeur du goudron
je vois nos vies et tu me manques
tu me manques et je vois nos vies
s’éloignant à toute berzingue
et dans l’esp-ce de la survie
le flingue du temps qui nous dézingue
sens interdit ou giratoire
la liberté n’est qu’apparence
crois-tu que tu peux dép-sser
les bornes de l’incarcerrance ?
dans ta cellule ambulatoire
prise au filet des kilomètres
sur le corridor pointillé
au code tu dois te soumettre
au long des pays qu’emprisonne
la résille serrée des routes
l’autonomie qu’on perfusionne
dans les stations du goutte-à-goutte
ah ! rouler, rouler jusqu’aux brumes
jusqu’à ce gouffre où elle s’arrête
jusqu”à ces bords où le bitume
cède au désert ou aux tempêtes
quand les averses éventées
le soir enrayent leurs mitrailleuses
par-dessus la rivière fanée
découvrant ses morves nitreuses
sous le triple cocher de tôle
plaqué sur l’horizon de cuivre
et là-bas collé sur le môle
ce grand oiseau que je veux suivre
cet oiseau blanc de songe vert
qui m’invite à suivre sa ligne
au ras de son sillage ouvert
comme deux bras me faisant signe
vers les oreillers du soleil
où s’ensommeillent les secondes
où la clarté dans ses corbeilles
rince le chant de l’autre monde
où sur les mèches de la mer
les nuages laissent choir leur peignes
o le couchant sombre incinère
les îles où les sables s’éteignent
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