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lirik lagu cul-pointu - la nuit du 15 octobre

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le mal dont j’ai souffert s’est enfui comme un rêve
je n’en puis comparer le lointain souvenir
qu’à ces brouillards légers que l’aurore soulève
et qu’avec la rosée on voit s’évanouir

qu’avez~vous donc, ô mon poète ?
et quelle est la peine secrète
qui, de moi, vous a séparé ?
hélas, je m’en ressens encore
quel est donc ce mal que j’ignore
et sur lequel j’ai tant ricané ?

c’était un mal vulgaire et bien connu des hommes ;
mais, lorsque nous avons quelque ennui dans le cœur
nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes
que personne avant nous n’a senti la douleur

il n’est de vulgaire chagrin
que celui d’une âme vulgaire
ami, que ce triste mystère
s’inscrive aujourd’hui dans ton sein
crois~moi, parle avec confiance ;
le sévère dieu du silence
est un des frères de la mort ;
en se plaignant on se console
et quelquefois une parole
nous a délivré d’un remord
s’il fallait maintenant parler de ma souffrance
je ne sais trop quel nom elle devrait porter
si c’est amour, folie, orgueil, expérience
ni si personne au monde en pourrait profiter
je veux bien toutefois t’en raconter l’histoire
puisque nous voilà seuls, brisés dans nos côtés
prends le temps de lire et laisse ma mémoire
au son de mes remords doucement s’éveiller

avant de me dire ta peine
ô poète, en es~tu guéri ?
songe qu’il t’en faut aujourd’hui
parler sans amour ni sans haine
il est vrai que je t’ai déçu
par mes promesses tentatrices
c’est bien moi la complice
des passions qui t’ont perdu

je suis si mal guéri de cette maladie
que j’expire bien fort lorsque j’y veux songer
et quand je pense à qui j’ai proposé ma vie
je ne vois pas à ma place un visage étranger
muse, sois donc sans crainte ; au souffle qui t’inspire
nous pouvons sans péril tous deux nous confier
il est doux de pleurer, il est doux de sourire
au souvenir des maux qu’on refuse d’oublier
comme une mère vigilante
au berceau d’un fils bien~aimé
ainsi je me penche tremblante
sur ce cœur que j’ai bafoué
parle, ami ; ma lyre attentive
d’une note faible et plaintive
suit déjà l’accent de ta voix
et dans un rayon de lumière
comme une vision légère
passent les ombres d’autrefois

apaise~moi, je t’en conjure ;
cesse de me faire languir
oh, sais~tu donc que ma blessure
est encore prête à se rouvrir ?
hélas, elle est bien profonde
et les misères de ce monde
sont si lentes à s’effacer
pour un moment, sur mon âme
est gravé le nom de cette femme
que je ne peux plus pr~noncer

honte à toi qui, la première
m’as appris la déception
et d’horreur et de colère
m’as fait perdre la raison !
honte à toi, femme au cœur sombre
dont les funestes amours
ont enseveli dans l’ombre
mes printemps et mes beaux jours !

c’est ton âme, ce sont tes dires
c’est ton physique corrupteur
qui m’ont appris à maudire
jusqu’au semblant du bonheur

c’est ta jeunesse et tes charmes
qui m’ont fait te désirer
et, si je prends mon arme
c’est pour, de toi, me venger

honte à toi, j’étais encore
bercé des rêves d’un enfant
comme une fleur à l’aurore
mon cœur s’ouvrait en t’aimant

certes, ce cœur sans défense
put sans peine être abusé
mais exaucer tes avances
fut encor plus aisé

pourquoi, dans ce récit d’une vive souffrance
ne veux~tu voir qu’un rêve et qu’un amour gâché ?
est~ce donc sans motif qu’agit la providence ?
et crois~tu donc distrait le dieu qui t’a frappé ?
le coup dont tu te plains t’a préservé peut~être
enfant ; car c’est par là que ton cœur s’est ouvert
l’homme est un apprenti, la douleur est son maître;
et nul ne connaît tant qu’il n’a pas souffert
c’est une dure loi, mais une loi suprême
vieille comme le monde et la fatalité
qu’il nous faut du malheur recevoir le baptême
et qu’à ce triste prix tout doit être acheté
les moissons pour mûrir ont besoin de rosée
pour vivre et pour sentir, l’homme a besoin des pleurs


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