lirik lagu abd al malik - la pauvreté et la lumière
la lumière au neuhof ne vient pas du soleil en été
elle jaillit du goudron noir et crépite dans les graviers
on marche dans les rues de la cité ou on roule sans casque en yz quand ça pétarade comme une arme à feu
on entend ce qu’on ressent comme le bruit d’une profonde liberté
c’est qu’il n’y a plus de limites, il faut croire que c’est la raison pour laquelle on s’insulte ou on se tape dessus pour dire que l’on s’aime
non pas que nous soyons violents ou vulgaires par nature, c’est bien même souvent le contraire
c’est que beaucoup d’entre nous ne disposent souvent que d’un nombre restreints de mots pour exprimer de manière la plus juste ce qui bouillonne dans nos poitrines
peu de gens peuvent saisir réellement l’abîme de cette béance
une sorte de no-man’s land entre l’émotion et son expression
apatride et indigent linguistique, et bien que ces rues me soient plus que familières, c’est l’inédit de l’histoire
la ballade de tous ces jeunes et moins jeunes aussi qui sont des étrangers dans leur propre pays
les adorateurs de l’histoire, ceux qui cherchent toujours à mettre les évènements en parallèle sont honteus-m-nt embarr-ssés par cette époque qu’ils ne comprennent guère
mais cette perplexité qui devrait les rendre plus humbles les rend plus arrogants et plus agressifs encore
donc ces jeunes à la couleur arc-en-ciel et au langage à fleur se déposent sur des bancs ou s’adossent à des murs blancs
ils ont pour activité toutes formes de néant ou sont simplement au chômage, victimes comme beaucoup d’une crise économique, financière, ident-taire, s-xuelle, morale et spirituelle ; seulement eux, la subissent depuis toujours
au détour de tel ou tel discussion autour d’une cigarette, un rêve de cigare, une bière, un joint qui tourne et une critique plutôt acerbe de la société urbaine, c’est le surgiss-m-nt d ‘un irrationnel pas si incompréhensible si on recherche sincèrement les origines
la lumière au neuhof ne vient pas du soleil en été
elle irradie les sourires d’espoir bientôt brisés par un contrôle d’ident-té inopiné qui tourne mal, une mort toujours accidentel, ou un refus de la caste supérieur d’accéder à la leur ou au moins de s’extraire de la nôtre sans être obliger de trahir personne
c’est la majestueuse dignité des miens qui m’émeut le plus, la retenue malgré tout et l’élégance de la tenue
l’exception ne devrait pas être la règle, la lumière devrait être toujours mis en lumière
il faudrait rendre hommage au solaire de la majorité des habitants des cités hlm
il faut le répéter sans cesse à ceux qui nous pensent comme des bêtes
que dans ses tours, ses bars et ses immeubles tout le monde sait bien que l’amour est à la fois le début et la fin du parcours, le début et la fin du parcours
la lumière au neuhof ne vient pas du soleil en été
elle jaillit du goudron noir et crépite dans les graviers
paroles rédigées et annotées par la communauté française de rap g*nius
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